Le 1er décembre 2020, cela faisait exactement 50 ans qu’un groupe d’individus passionnés, visionnaires et désireux d’œuvrer hors des sentiers battus a décidé de poser les bases pour la fondation d’un organisme appelé Bureau de consultation jeunesse (BCJ) : un organisme au service d’une jeunesse marginalisée qui criait au secours et dont personne n’entendait les cris. De jeunes travailleur.e.s sociaux, avocats et avocates, enseignants et enseignantes, juge et retraité, fondent l’organisme. Son premier mandat fut d’offrir des services de consultation aux jeunes de la région de Montréal.

L’origine du BCJ remonte à novembre 1969, dans la foulée des événements de Mai 68, entre la séparation de l’Église et de l’État au Québec. Il a d’abord été rattaché à l’Accueil des jeunes - un service d’hébergement avec suivis cliniques pour les garçons. Puis en 1970, il s’est fusionné au Carrefour des jeunesses féminines - un service d’adoption et de placement en famille d’accueil, pour enfin devenir un seul et unique organisme.

Dès sa fondation, le BCJ s’est mis à l’œuvre pour pallier au manque de ressources offertes aux jeunes francophones dans le besoin. Le BCJ s’est rapidement démarqué en optant pour une intervention alternative. Afin d’intervenir davantage auprès de la communauté, le BCJ délaisse son volet d’intervention clinique et de placement en famille d’accueil. La vision progressiste qui caractérise les promoteurs du BCJ font en sorte que l’organisme va se différencier des services de l’État : son approche innovatrice qui favorise la prévention comme méthode d’intervention et considère davantage l’ensemble de la réalité de la jeunesse comparativement à l’approche dite plus traditionnelle. Le BCJ fut alors plus accessible aux jeunes qui ne se retrouvaient pas dans l’approche propre aux services gouvernementaux.

Durant les années 70, le BCJ développe et expérimente diverses approches pour rejoindre les jeunes les plus marginalisé.e.s de la grande région de Montréal. C’est alors qu’est né notamment le « travail de rue ». Une approche tout à fait nouvelle à l’époque qui visait à aller là où les jeunes sont, leur offrir ainsi du support, références et réponses à certains de leurs besoins.

Les premiers « locaux de milieu » ont aussi vu le jour dans les différents points de service à Montréal, Laval et sur la Rive-sud. Ces lieux permettaient aux jeunes des différents quartiers de se retrouver entre eux et elles, de rencontrer des intervenants et des intervenantes, et rêver ensemble à l’avenir.

Le BCJ dans son histoire a été à l’origine de plusieurs initiatives qui ont amené la création de plusieurs ressources et points de service comme on les connaît aujourd’hui. On pense à l’année 1973, ou le BCJ Laval fut mis sur pied, en 1976, c’est au tour du BCJ Longueuil de faire son apparition. Le manque de ressources et de services aux jeunes dans ces régions expliqua leur création. Puis naît le BCJ Saint-Édouard crée en 1975 suite à des demandes grandissantes de services pour les jeunes. Ce point de service devint par la suite le BCJ Villeray.

Au début des années 1980 le BCJ publie plusieurs ouvrages, notamment sur la sexualité, l’intervention, les drogues, l’inceste et le suicide. Cette même année, un groupe de travail sur la prostitution juvénile est mis sur pied. Il conduit à la création en 1982 de l'organisme PIaMP (Projet d'intervention auprès des mineurs prostitués).

L’année 1983, fut une période charnière, pour le BCJ qui devint alors un collectif de travail. Chaque travailleur et travailleuse obtenait ainsi un pouvoir de décision à l’égard de l’intervention pratiquée au sein de l’organisme.

Partant du fait que le BCJ se veut un terrain d’expérimentation à l’égard de l’intervention auprès des jeunes, de nombreuses approches et plusieurs projets furent expérimentés. Certains se sont démarqués par leur continuité dans le temps et sont devenus des organismes autonomes, tandis que d’autres furent repris par l’État.

Les années 1990 et 2000 ont vu naître différents projets d’intervention sur tous les territoires desservis par le BCJ : auprès des jeunes mères, jeunes pères, Et si on faisait connaissance (projet innovateur sur le racisme). Puis en 1995 l’organisme entreprenait une démarche visant à revitaliser les différentes structures de décision, mieux circonscrire leur pouvoir et à mettre en œuvre une charte d’intervention. C’est suite à cette démarche que le cadre d’intervention de l’organisme a été adopté. Il s’en suivit plusieurs initiatives pour donner âme à ces transformations comme :

  • L’implication du BCJ dans le logement social pour les jeunes par la mise en place des logements temporaires avec suivi communautaire qui a contribué grandement au logement et hébergement jeunesse au Québec.
  • L’accent mis sur le pouvoir d’agir des jeunes, notamment par la création des tables des jeunes, postes d’animateur.e.s jeunes et l’expérimentation de comités jeunes locataires.
  • En 2013 s’est tenu le « Sommet des jeunes » à Montréal, un projet « par et pour » les jeunes réalisé grâce au support de différents partenaires. Ce Sommet a eu lieu dans le cadre des discussions concernant la politique jeunesse au Québec et avait comme objectif que les jeunes du Québec et d’ailleurs puissent contribuer aux débats sociaux contemporains
  • L’expression artistique des voix des jeunes faces aux réalités jeunesse (musique, danse, théâtre, récit de vie, etc.). Soulignons la participation des jeunes au spectacle À voix levée! le 12 août 2016 dans le cadre de la journée internationale de la jeunesse au Métropolis de Montréal
  • La mise sur pied d’une nouvelle instance : le Conseil des jeunes où sont représenté.e.s les jeunes de tous les points de services des territoires desservis par le BCJ 
  • La lutte contre l'homophobie et pour le respect des droits des jeunes LGBTQ+ 

Pendant toute son existence, le BCJ s’est donné comme défi de demeurer une force active de changement et de transformation. Il s’efforce d’être au diapason des réalités jeunesse, celles-ci étant nécessairement liées à la conjoncture sociale et économique.

Au fil de ces 50 ans, nous avons fait beaucoup de réalisations. Un simple texte n’est pas suffisant pour rendre justice à toutes les initiatives, idées et projets du passé. C’est pour cela que nous organiserons plusieurs activités pour souligner les 50 ans du BCJ dans les mois à venir. Un projet de publication est actuellement en cours autour des pratiques d'intervention et d'accompagnement du BCJ au cours des 5 dernières décennies. Nous croyons aussi pouvoir tenir en 2021 un symposium sur l'intervention jeunesse en espérant que cela permettra au BCJ de se propulser vers l’avenir et de rester tout aussi pertinent qui l'a été les 50 dernières années !

Nous tenons à rendre hommage aux artisan-e-s qui ont façonné à leur manière et ont contribué à faire en sorte que la place des jeunes soit partie intégrante de son ADN. Ainsi en gardant les jeunes au centre de tout, cela nous amène à être un organisme d’innovation, d’expérimentation et de résistance.

Comme le dit un proverbe : La vie commence à 50 ans. Avant, ce n’est qu’un entraînement.

 

Joyeux anniversaire ! Longue vie au BCJ!