Ensemble pour nourrir et faire grandir le Québec

Lettre aux productrices et producteurs agricoles

30 avril 2020


Un projet de société urgent et stratégique

Bien des experts nous annoncent que le monde ne sera plus le même après la pandémie et à bien des égards, il serait dommage de revenir en arrière, notamment pour tout ce qui touche l’alimentation. De belles initiatives ont été lancées pour favoriser l’achat local et alors que nous en faisons la promotion depuis des années, ce concept n’a jamais été aussi populaire. Beaucoup de gens parlent maintenant de souveraineté, de sécurité et d’autonomie alimentaires; trois concepts interreliés et différents.

La souveraineté alimentaire repose sur la capacité des États d’établir leurs propres politiques en ce domaine. La sécurité alimentaire se mesure quant à elle sur la disponibilité des aliments et leur accès pour tous. L’autonomie alimentaire, pour sa part, est le reflet de notre indépendance par rapport à ce qui est produit ailleurs.

En théorie, le Canada pourrait être autonome à 100 %; il y aurait moins de variété, mais tous pourraient manger. Pour accroître cette autonomie, il faut d’abord augmenter l’offre de produits du Québec sur tous les marchés et les politiques qui appuieront ce mouvement devront viser tous les circuits : les marchés de proximité, celui des hôtels, restaurants et institutions, et la vente au détail. Chacun de ces marchés a ses particularités et exige une stratégie propre. Les exportations demeureront toujours importantes pour équilibrer notre balance commerciale, car, avec notre climat, nous devrons bien sûr continuer d’importer.

Si nos gouvernements, par des politiques claires, s’assurent que les denrées importées répondent aux normes exigées pour nos produits, si des politiques sociales soutiennent adéquatement les gens à faibles revenus et si nous augmentons la consommation d’aliments québécois dans nos assiettes, nous serons tous en situation de sécurité alimentaire, et collectivement un peu plus autonomes. Un projet de société urgent et stratégique, qui va nous permettre d’être beaucoup plus résilients face aux crises futures, quelles qu’elles soient. Lire l’intégral de cet éditorial de Marcel Groleau.

État des semis au Québec

Secteur des grains
Contrairement au printemps 2019, à ce jour, les conditions météo se sont montrées favorables. Dans le sud et l’ouest de la province, les semis de blé sont pratiquement terminés tandis que les ensemencements de maïs et de soya suivent leurs cours. Pour l’instant, le rythme des opérations est normal, voire un peu plus rapide qu’à l’habitude dans certains secteurs de la Montérégie. Dans les régions plus au nord et à l’est, les semis ne sont pas encore débutés. Cette situation est tout à fait habituelle pour cette période de l’année. Au chapitre des intentions d’ensemencement, il n’y a pas de changement majeur à signaler.

 

Secteur des pommes de terre
Même si les contrats ont été coupés au niveau de la transformation pour la catégorie prépelage en raison de la fermeture des restaurants et hôtels, au total, les superficies cultivées au Québec devraient être les mêmes que l’an passé, soit 18 500 hectares pour les 4 catégories (table, croustille, semence et prépelage). Dans la catégorie prépelage, on prévoit une baisse de 20 % des superficies habituellement semées. Cela correspond à 3 % de la production totale qui devrait être répartie dans les autres catégories. Les bons prix de l’an passé dans la catégorie table sont encourageants. La principale inquiétude est au niveau des surplus des provinces maritimes qui pourraient se retrouver cet automne sur le marché québécois de la table.

Secteur maraîcher
Il y a beaucoup d’incertitude chez les producteurs maraîchers et plusieurs sont encore en réflexion quant à leur choix de culture. À l’heure actuelle, on anticipe une baisse d’environ 20% de l’ensemencement de légumes nécessitant plus de main-d’œuvre (ex. brocoli, céleri, chou, chou-fleur, laitue, poivron et tomate) et un maintien des superficies pour les légumes récoltés de façon plus mécanique (ex. betterave, carotte, oignon et rutabaga). Ces données peuvent encore varier en fonction de l’évolution des risques liés à la disponibilité de la main-d’œuvre, et à la propagation de la COVID-19.

Secteur des légumes de transformation
Pour 2020, les ententes de production couvrent 11 650 acres de pois, 6 329 de haricots et 8 397 de maïs. Au total, on parle de 26 376 acres, soit une diminution de 5% par rapport à 2019 (-6,3 % pour les cultures conventionnelles et + 0,8% en régie biologique). Près de 1 000 acres de pois seront semés cette fin de semaine (comparativement à 1 300 au 18 mai 2019). Les conditions sont excellentes et c'est encourageant.

Secteur fraises et framboises
Les producteurs commencent leurs travaux aux champs avec une main-d’œuvre réduite en raison des problèmes liés à l’arrivée des travailleurs étrangers saisonniers. Certaines fermes ont pu recruter des travailleurs locaux, mais dans quelques régions, on note un léger retard sur le calendrier habituel.

La production de fraises d’été et de framboises sera bonne si la main-d’œuvre est au rendez-vous en juin et si le gouvernement permet l’ouverture de l’autocueillette. La production de fraises d’automne, plantées en mai, pourrait être moindre cette année.


Secteur de l’abattage ici et aux États-Unis

Chez nos voisins du Sud
Durant les dernières semaines, le nombre d’abattoirs contraints de fermer leurs portes aux États-Unis n’a cessé d’augmenter. Tyson Foods a dû fermer ses usines à Waterloo (Iowa), Colombus Junction (Iowa) et Logansport (Indiana). Smithfield a fermé Sioux Falls (Dakota du Sud) et Monmouth (Illinois). JBS a pour sa part fermé Worthington (Minnesota), Indiana Packers et Delphi (Indiana) ainsi qu’un autre site abattant des bovins dans le Colorado.

Dans les derniers jours, des producteurs se sont débarrassés de millions d'animaux pour dépeupler leurs fermes, ont rapporté le les grands journaux américains.

Le président Trump a signé mardi un décret ordonnant aux producteurs de viande de maintenir leur activité, sur fond de crainte de pénuries. Le gouvernement fédéral s’est du même souffle, engagé à fournir des équipements de protection pour les employés. Le syndicat représentant les salariés du secteur agroalimentaire, l’UFCW, a demandé que le décret présidentiel soit accompagné de mesures pour augmenter les tests de dépistage de la COVID-19 et les mesures de distanciation sociale dans les usines.

Selon l’American Farm Bureau, au moins 18 usines ont été fermées au cours des deux derniers mois, diminuant la capacité du pays à transformer de la viande de porc d’environ 20 % et de 10 % dans le secteur du boeuf.

Plus près de chez nous
À l’instar des États-Unis, le Canada et le Québec sont aussi confrontés à une diminution de la capacité d’abattage. Au Québec, un effort conjoint considérable a été fait par les travailleurs, le gouvernement, Olymel et les producteurs de porcs pour éviter l’abattage humanitaire. Ensemble, ils sont parvenus à stabiliser et à rétablir une bonne partie de la capacité d’abattage, mais il y a encore 100 000 porcs en attente. Ces animaux sont nés il y a 6 mois, la production ne peut être arrêtée à n’importe quel moment et les éleveurs ne peuvent garder leurs porcs indéfiniment.

Les éleveurs de porcs du Québec suivent la situation pratiquement d’heure en heure, alors que les scénarios pour prendre en charge les porcs en attente s’amenuisent considérablement. Tout est mis en œuvre pour ne pas en arriver à l’abattage humanitaire. Un scénario qui afflige tous les producteurs de porcs, mais qu’ils sont malgré tout forcés d’envisager. À suivre …

Sources : Le Bulletin des agriculteurs, Le Nouvelliste, Le Journal de Québec, Radio-Canada, Les EPQ


Arrivée des travailleurs

L’arrivée des travailleurs se poursuit. Certaines contraintes quant au transport des Guatémaltèques ayant été levées, une cohorte de près de 1 000 travailleurs en provenance de ce pays est attendue au cours des prochains jours et tout au long de la semaine prochaine. Il s’agit là d’une importante bouffée d’air frais pour de nombreux employeurs.

Après la quarantaine, c’est le gros bon sens qui s’applique!

On le sait, les équipes de travailleurs sont réduites, il y a beaucoup de pain sur la planche et certains travailleurs sont prêts à trimer de nombreuses heures. Mais gardons en tête qu’au-delà de 10 ou 12 heures de travail, les risques d’accident augmentent. Tout travailleur peut refuser de faire plus de 12 heures par période de 24 heures au Québec, et l’UPA recommande fortement à tous les employeurs de TET de ne pas excéder à ces heures.

Après la quarantaine, les travailleurs sont soumis aux mêmes règles de circulation que nous tous. Ils peuvent donc sortir de la ferme s’ils le souhaitent et l’employeur a le devoir de les sensibiliser aux règles de circulation, aux mesures de distanciation sociale et aux risques de contamination. À cet égard, les achats en ligne peuvent éviter bien des déplacements. Même en période de pandémie, après la quarantaine, il est hors de question d’interdire les sorties, ce qui irait à l’encontre de la charte des droits et libertés de la personne!

La campagne de recrutement de la main-d’œuvre locale bat son plein! Jusqu’à présent, on a enregistré plus de 110 000 visites sur les sites emploiagricole.com, AGRIcarrières et Agrijob. Près de 5 300 personnes ont déposé leur CV et de nombreux producteurs ont fait part de leurs besoins de main-d’œuvre aux Centres d’emploi agricole. Ces derniers s’affairent actuellement à compléter les jumelages employeurs-employés avant que les grands travaux ne prennent leur envol.

Aide d’urgence pour les étudiants et emplois agricoles

Le gouvernement canadien a annoncé la semaine dernière la création de la Prestation canadienne d'urgence pour étudiants (PCUE) : une aide de 1 250 $ par mois pendant quatre mois pour les étudiants sans emploi ou ayant peu d'heures de travail. Toutefois, cette proposition ne faisait l'affaire d'aucun des partis d'opposition, lesquels ont tenté hier de trouver un compromis, en vue de son adoption. Faute de consensus, on a convenu d'appuyer un projet de loi très vague accompagné d'une motion par laquelle le gouvernement promet de répondre aux demandes des partis, notamment à celle des conservateurs qui réclamaient que soit mises en place des mesures incitatives pour jumeler les étudiants avec les emplois offerts dans le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire. À suivre …

La 3e édition des prix de l’Union vient tout juste d’être lancée. Vous faites partie d’une équipe qui a réalisé un projet collectif? Un projet dont vous êtes particulièrement fier? Pour connaître tous les détails de ce concours, consultez la trousse de mise en candidature et n’hésitez pas à soumettre votre projet par courriel (congres@upa.qc.ca) avant midi le 14 septembre 2020. Pour vous inspirer, visionnez les vidéos présentant les projets primés en décembre 2019 dans le cadre du Congrès général de l’Union.

VosAgriculteurs.tv – Spécial environnement

Chaque semaine nous mettons de l’avant un épisode de la toute nouvelle série de l’Union VosAgriculteurs.tv. Dans ce 2e épisode, rencontrez Sylvianne Beaudry, productrice laitière et de grandes cultures en Montérégie pour qui la volonté de toujours faire mieux se traduit par une multitude d’actions sur sa ferme : gestion des fumiers, aménagement de bandes riveraines, maintien d’une bonne biodiversité, etc.

Le président de l’Union à Tout le monde en parle

Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles, et Jean-Martin Fortier, maraîcher et directeur de la Ferme des Quatre-Temps, voient la pandémie de la COVID-19 comme l’occasion de développer notre autonomie alimentaire. Revoyez cette section de l’émission du 25 avril.

Des producteurs de partout au Québec nous ont fait parvenir des vidéos incitant les Québécois à adhérer au mouvement Mangeons local plus que jamais! En vedette cette semaine:

Tobby Roy, producteur cunicole et acéricole à Roxton Falls (Montérégie) et ses filles Sandy et Emmy

Banques alimentaires : le milieu agricole et agroalimentaire répond à l’appel!

Des dons fort appréciés

  • Les producteurs de bovins ont fait un don de viande de veau ou de bœuf et Cargill, qui transforme la majorité des bovins québécois à son usine de Guelph, a accepté de contribuer aux Cuisines Solidaires avec un don de 20 000 kg de bœuf haché.
  • Les producteurs de lait ont offert aux Banques alimentaires plus de 4 millions de litres de lait, dont 1 million de litres transformés en plusieurs produits en collaboration avec Agropur et 500 000 litres transformés en fromage en collaboration avec d’autres transformateurs.
  • En partenariat avec les transformateurs, les Éleveurs de porcs du Québec ont effectué un don de 15 000 kg de viande de porc aux Cuisines Solidaires
  • Les éleveurs de volailles, en collaboration avec l’Abattoir Charron, ont offert plus de 78 000 kilos de poulet.
  • ET ça continue … À suivre…

Des nouvelles de la Tablée des Chefs
Déjà, près de 300 000 repas de pâté chinois, de porcs et poulet rôti, accompagnés de légumes, ont été préparés dans le cadre du projet de Cuisines Solidaires de la Tablée des Chefs. Les responsables du projet nous ont transmis de très beaux témoignages de gens qui ont reçu les ont dégustés :

«J'ai reçu aujourd'hui un repas à cause de ma condition. Je voulais vous remercier, car c'était vraiment bon et généreux : du porc et des légumes cuits comme j'aime. Merci pour tout ce que vous faites pour nourrir des gens dans le besoin. Ça fait chaud au cœur de recevoir un aussi bon plat!»

«Je suis un bénéficiaire régulier de l'aide alimentaire de la Saint-Vincent de Paul. Je tenais à vous remercier pour cet excellent pâté chinois! Il a su m’apporter un réconfort qui me rappelle les repas préparés avec amour de ma très chère mère. Merci et bravo!»


Sondage sur notre futur site Web

L'Union travaille actuellement à la révision de son site Web et de celui des 12 fédérations régionales qui lui sont affiliées. Aussi, afin de mieux vous servir, nous vous invitons à compléter un court sondage qui nous permettra d’en savoir plus sur vos habitudes et vos besoins lorsque vous êtes à la recherche d’information au sujet de l’agriculture, de l’alimentation, ou de notre organisation. Notre sondage comporte six questions et ne prendra que cinq minutes de votre temps. Merci à l’avance pour votre participation.

Liens utiles

Prenez soin de vous!
N’attendez pas que votre stress soit trop élevé pour demander de l’aide.

Des personnes et des organismes sont là pour vous :

Au cœur des familles agricoles et ses travailleuses de rang : 450 768-6995;

Autres ressources d’aide;

• Document produit par le ministère de la Santé et des Services sociaux sur le stress, l’anxiété et la déprime liés à la COVID-19 et les moyens d’y remédier.


Nous vous invitons à nous suivre sur les réseaux sociaux et
à consulter notre page Web COVID-19.

Direction affaires publiques et syndicales

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